Le dilemme du positionnement des pieds en virage : une éternelle controverse
La question du positionnement des pieds lors des virages est un débat sans fin. C’est une question épineuse, semblable au choix entre les pédales plates ou automatiques, les roues de 29 pouces ou mixtes, le whip à droite ou à gauche. Entre les différents conseils, les tendances changeantes qui font qu’une technique est plus populaire et recommandée qu’une autre à un moment donné pour être remplacée six mois plus tard, il y a de quoi se perdre.
Plutôt que de chercher à apporter la vérité ultime, nous allons essayer de comparer les avantages et les inconvénients des deux techniques, en fonction de votre style de conduite et du type de terrain que vous empruntez.
Est-ce une question de génération ?
Le parallélisme entre ces deux techniques, avec la conduite moderne et traditionnelle, est assez clair. Nous avons tous en mémoire les images de la descente des années 90 : les coureurs portant presque des casques jets, la selle haute, peut-être même encore les barres d’extrémité sur le guidon, la plaque de 44 dents, virant à pleine vitesse avec le pied à l’intérieur du virage. C’est très différent du style actuel d’un coureur de coupe du monde, surtout en ce qui concerne l’équipement, mais aussi le langage corporel. De nos jours, les attitudes sont généralement plus compactes, avec une tendance à garder les pieds au même niveau pendant un virage. Sam Hill a été l’un des premiers à virer régulièrement avec les pieds à plat, bien aidé par son équipement de l’époque, comme nous le verrons plus loin.
Alors, est-ce une évolution de la technique ou du matériel ? C’est un peu des deux ! Il faut également prendre en compte l’évolution de la pratique du gravity ces 20 dernières années : l’essor des bike parks a permis des terrains de pratique plus rapides, les virages sont devenus plus abrupts et souvent plus lisses. Cela tend à rendre le rider plus monolithique, moins enclin à bouger sur le vélo, du moins en ce qui concerne la partie inférieure du corps. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose si cela stabilise la conduite, mais ça peut rendre le rider plus passif.
Les avantages théoriques
Dans cette section, nous allons rester concrets, en gardant à l’esprit que notre objectif n’est pas de trancher en faveur d’une technique ou d’une autre. Chacune a ses avantages et surtout, chaque situation requiert une technique plus appropriée que l’autre.
Pieds à plat
- Position de base plus haute : Du fait d’avoir les pieds au même niveau – à hauteur de boîtier -, le buste est plus redressé. C’est souvent plus propice à l’anticipation des obstacles suivants – notamment les mouvements de terrain dans la pente – ; le débattement des bras et des jambes est immédiat, sans besoin de temps supplémentaire pour se remettre en position de base.
- Stabilité plus marquée : L’alignement du tronc et du bas du corps stabilise le rider face aux contraintes du terrain. On est plus solide face aux obstacles dans cette position, avec une répartition d’appui dans les jambes à peu près similaire.
- Transmission d’énergie améliorée : La suite logique du point précédent, c’est la conséquence directe d’avoir les jambes au même niveau de flexion, cela permet une plus grande tonicité et force musculaire pour résister aux chocs/G. On est forcément plus fort sur deux jambes que sur une seule, ce qui permet de pousser plus fort et de sortir plus vite du virage.
Pieds décalés
- Centre de gravité abaissé : Plus on est bas, plus on est stable (et parfois maniable). On gagne plus ou moins une longueur de manivelles en abaissant une bonne partie du centre de gravité, ce qui améliore tout simplement la stabilité.
- Capacité de dissociation plus marquée : Il est plus naturel de faire pivoter la ligne d’épaules, et surtout de bassin, avec les pieds décalés. La mobilité rotationnelle des hanches est grandement améliorée, notamment par le fait que le genou intérieur est plus facilement orientable vers l’intérieur (on l’ouvre côté corde du virage).
- Centre de gravité décalé : Le pied aval, chargé par une plus grande partie du poids du corps, permet de mieux ancrer le vélo dans le virage. Cela décale le centre de gravité davantage à la verticale des pneus, et donc favorise l’adhérence.
Le lien avec la technologie
Un des points qui peut expliquer le débat actuel (qui était moins présent il y a 25 ans) est l’évolution des vélos en termes d’adhérence et de confort. Cela permet au rider d’être plus isolé
0 commentaires